À chaque crise économique, la question de la solvabilité des banques se pose et celle provoquée par le Covid 19 ne fait pas exception.
De plus en plus d’épargnants s’inquiètent pour les sommes amassées au prix de nombreux efforts.
Alors, votre argent est-il vraiment en sécurité dans les banques ?
Le risque de panique bancaire, est-il bien réel ?
Voici tout ce que vous devez savoir pour protéger votre patrimoine.
Petits rappels sur le fonctionnement des banques
Pour mieux comprendre le phénomène de panique bancaire et parler des éventuels risques encourus par votre argent, il est important de faire quelques rappels sur le fonctionnement des banques. En effet, lorsqu’elles y déposent leur argent, de nombreuses personnes ont tendance à imaginer qu’il est stocké sur leur compte, un peu comme s’ils disposaient d’un immense coffre-fort. La réalité est très différence. Aucune banque ne détient les sommes de ses déposants en monnaie physique dans ses coffres.
Lorsque vous confiez à votre établissement bancaire votre salaire, vos économies, ou ces quelques billets qui traînent dans vos poches, elle les fait entrer dans sa comptabilité et les utilise aussitôt. Ce qui apparaît sur votre compte n’est qu’une reconnaissance de dettes. Si vous avez un solde de 2 000 €, vous ne détenez pas vraiment cet argent.
Vous avez juste la promesse de la banque de vous le restituer sous forme de monnaie physique, ou de monnaie virtuelle, sur simple demande de votre part. Le système ne peut tenir que tant que la majorité des utilisateurs ne demandent pas à récupérer la totalité de leurs avoirs. J’imagine que vous commencez à avoir où se situe le problème ? Ce n’est que le début, il est temps de plonger dans les entrailles de notre système bancaire pour comprendre les dangers qui guettent vos économies.
Qu’est-ce que la panique bancaire ?
Commençons par définir ce qu’est la panique bancaire. Il s’agit du moment où les déposants d’un établissement se mettent à redouter que celui-ci ne fasse faillite. C’est souvent le cas lors des crises financières comme celles de 2008. Inquiets pour leur capital, les clients accourent en masse et demandent à retirer tout l’argent qui se trouve sur leur compte.
On a vu ce phénomène se produire durant la crise des subprimes dont nous venons de parler. Le problème, c’est que la banque ne possède pas en réserve la totalité des dépôts de ses clients. Cet argent a quitté ses caisses, il y a bien longtemps. Elle ne peut donc payer tous les épargnants et entre alors en faillite comme n’importe quelle entreprise.
Du moins, en théorie, car les grandes banques sont des piliers capitaux de l’économie. Il est donc hors de question pour elles de s’écrouler sans réagir. Lorsqu’un risque de panique bancaire se profile, la plupart des banques se contentent tout simplement de geler les comptes dont elles ont la gestion. Les guichets sont fermés, les retraits limités à un faible montant et les transferts d’argent par virement sont eux aussi bridés.
Cela peut sembler injuste, pourtant votre établissement financier a parfaitement le droit d’agir ainsi. Cela ne lui demande que quelques heures pour réaliser les manipulations informatiques nécessaires. Votre argent ne vous appartient donc plus vraiment dès qu’il a quitté votre poche. Lorsqu’on leur pose la question, de nombreux banquiers bottent en touche pour rassurer leurs clients en évoquant la solidité de leur banque. Nous allons voir que le colosse a bien souvent des pieds d’argile.
Les banques, des géants loin d’être infaillibles
Le 15 septembre 2008, après avoir déménagé en toute discrétion tout le mobilier de ses sièges dans plusieurs pays, la célèbre banque d’investissement Lehman Brothers se déclare en faillite. La nouvelle fait l’effet d’un coup de tonnerre. Le géant de la finance s’effondre telle une vulgaire statue de sable, suivi par d’autres établissements du même calibre.
À l’origine de cette débâcle, on retrouve les fameux emprunts toxiques américains qui ont plongé le monde dans une crise dont il mettra plusieurs années à se relever. Aussi élevés que soient les dépôts dont elle a la garde, une banque peut rapidement se retrouver en difficulté en pareille situation, car elles ne gèrent pas leur argent comme le ferait un bon père de famille.
Vous pensez que le crédit auto que vous venez d’obtenir a été financé avec l’épargne des autres clients ? Sachez que dans la majorité des banques, ce n’est pas le cas. Ce type d’emprunt est financé par ce que l’on appelle la création de monnaie ex nihilo. Pour faire simple : si vous voulez emprunter 2 000 € pour acheter une auto, la banque crée cette somme à partir de rien, ce n’est qu’une ligne comptable.
Au fur et à mesure de vos remboursements, elle détruit cette monnaie virtuelle et encaisse de l’argent réel de votre poche. Les dépôts sont investis ailleurs, sur les marchés financiers qui sont beaucoup plus rentables. Le plus souvent, ce sont des actifs à risques qui sont choisis, car ils procurent des gains bien plus importants pour l’établissement de crédit.
Le fond de garantie des dépôts, une protection limitée
Pour rassurer les épargnants face au risque de panique bancaire, de nombreux Etats ont mis en place un système appelé Fonde de Garantie des Dépôts censé protéger les clients en cas d’impossibilité pour une banque de les payer. Une idée louable dans le principe, mais dont le fonctionnement réel est loin d’être aussi protecteur que les banquiers veulent bien le dire.
La première limite est le montant garanti par cette institution. Il n’est que de 100 000 € par client et par établissement. Si vos avoirs sont plus importants, vous ne pourrez pas récupérer la différence en cas de panique bancaire. De plus, s’il s’agit d’un compte joint, le plafond est valable pour les 2 titulaires du compte qui ne récupèrent donc que 50 000 €, au plus, chacun.
Le second problème, c’est de savoir si le Fonde de Garantie des Dépôts dispose d’une réserve suffisante pour payer tous les déposants d’une banque, voire de plusieurs banques en cas de faillite groupée. Une hypothèse qui paraît difficile à croire lorsque l’on se penche dans le détail sur les sommes épargnées dans les plus grandes banques. À titre d’exemple, ce fond possède 3 milliards d’euro de réserve dans ses caisses en France.
En parallèle, l’épargne cumulée des Français dépasse les 150 milliards d’euro. En admettant que le Crédit Agricole, qui en détient 30 % seulement, se retrouve en défaut de paiement, on se rend aisément compte que la garantie du gouvernement aura bien du mal à suivre.
Même les produits présentés comme sûrs présentent des risques
Pour rassurer leurs clients sur les risques liés à une crise financière, les banques promettent que certains produits financiers sont sûrs. C’est, par exemple, le cas des fameux fonds en euro qui composent les contrats d’assurance-vie. En réalité, cette sécurité est toute relative. Ces actifs sont majoritairement composés de créance. En cas de défaillance généralisée comme en 2008, ils peuvent donc être impactés.
Plus grave, votre banquier oublie de vous parler d’une clause qui fait partie des petites lignes du contrat et qui vous désavantage. Il s’agit de la possibilité pour l’établissement de bloquer les fonds en cas de nécessité. Autrement dit, si votre banque est en difficulté, l’avoir de votre assurance-vie se limitera à des chiffres inscrits sur un écran dont vous ne pourrez rien faire.
La taxe sur l’épargne, une menace pour votre argent
L’autre menace qui place sur votre capital et risque de provoquer une panique bancaire, c’est la taxe sur l’épargne. Cette mesure pour renflouer le budget de l’Etat est évoquée à chaque situation de crise financière, et celle du coronavirus ne fait pas exception à la règle.
Par le passé certains Etats ont déjà fait le choix de se servir directement sur les comptes des déposants en créant un impôt sur leur épargne. Si elle ne touche, en général, que ceux dont le pécule est supérieur à 100 000 €, ce projet a tout de même de quoi inquiéter.
D’abord parce que compte tenu du caractère exceptionnel de la situation actuelle, rien ne dit que ce montant ne sera pas revu à la baisse. Ensuite parce que si cette annonce se concrétise, elle poussera les plus gros déposants à vouloir récupérer leurs billes sous forme de cash avant son entrée en vigueur.
Comme ce sont eux, justement, qui permettent aux banques de garantir leur solvabilité, on imagine les conséquences désastreuses d’un tel scénario sur l’ensemble des clients. Une vague d’inquiétude peut suffire à provoquer une panique bancaire et à faire vaciller dangereusement le plus solide des établissements.
Chypre : étude de cas d’une panique bancaire
Vous avez encore du mal à imaginer ce qui se passe concrètement en cas de risque de panique bancaire liée à une crise financière ? Vous doutez du fait que les banques oseront passer à l’action pour geler vos capitaux si besoin ? Le cas de Chypre est un parfait exemple d’illustration qui mérite que l’on s’y attarde.
Chypre est une petite île au large de la Grèce qui a rejoint l’Union européenne en 2004. Son taux d’imposition parmi les plus bas du continent en fait une destination de choix pour les investisseurs, en particulier les Russes.
Le système bancaire tient donc naturellement une place importante dans l’économie du pays. Par suite d’une série de choix politiques inappropriés, le pays connaît une grave crise financière entre 2012 et 2013. Les agences de notation spécialisées décident de dégrader son classement, rendant impossible de nouveaux emprunts pour maintenir le budget de l’Etat. Les banques ne sont plus solvables et le pays tout entier court à la faillite.
L’Union européenne oblige Chypre à appliquer une politique d’austérité drastique qui implique de mettre les épargnants à contribution. Si le pays refuse, il sera privé de l’aide dont il a besoin pour survivre. Contraint, le gouvernement décide alors de taxer les dépôts et de restructurer les principales banques du pays.
Pour éviter une panique bancaire, les agences sont fermées et les transactions limitées. Les Chypriotes ne peuvent retirer que 300 € par jour et par personne. Pour éviter toute émeute, la police est mobilisée. Au final, de nombreux épargnants voient une grande partie du fruit de leurs efforts engloutis pour renflouer les banques. Cette histoire édifiante est la preuve la plus parlante que l’argent déposé en banque ne vous appartient plus qu’en théorie.
Comment protéger votre argent de la panique bancaire ?
Une fois dressé ce triste constat du peu de sécurité que les banques sont capables de vous offrir, la question du meilleur moyen de sécuriser son patrimoine se pose. La première règle à suivre est de ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier. Si vous avez un capital important, ventilez-le dans plusieurs établissements et choisissez des banques dites systémiques.
Il s’agit d’établissements qui sont des piliers du système économique d’un pays. Le risque de les voir faire faillite est bien moins important que pour des établissements plus modestes. Conservez une épargne de précaution chez vous, au moins l’équivalent de 3 mois de salaire en cash pour faire face aux imprévus. Ne rangez pas vos billets sous le matelas. Investissez dans un petit coffre-fort déposé dans un endroit discret.
Ne concentrez pas tous vos dépôts dans un seul pays. Si vous en avez la possibilité, ouvrez au moins un compte à l’étranger dans un pays tel que la Suisse ou le Luxembourg. Prenez soin de le déclarer à l’administration fiscale pour être en règle. Investissez la plus grande partie de vos avoirs dans des actifs physiques comme l’or ou les métaux recherchés.
Leur disponibilité limitée vous protège d’une dépréciation trop importante, contrairement aux devises dont les cours peuvent être aisément manipulés. Enfin, l’immobilier de location longue durée est un excellent placement qui a peu de chances de connaître une vraie crise dans les années à venir.
Vous savez maintenant que votre argent n’est pas en sécurité à la banque. Une crise financière peut provoquer la faillite de votre établissement, menant à une panique bancaire et à l’effondrement du système. Le Fond de Garantie des Dépôts n’offre qu’une protection limitée, d’autant plus que les banques peuvent geler vos avoirs et ponctionner les comptes les mieux garnis.
Face à ces dangers, il est essentiel de garder une épargne de précaution en liquide, de placer une partie de vos avoirs à l’étranger et d’acheter le maximum d’actifs tangibles. L’or et l’immobilier sont des valeurs refuge idéales pour sécuriser vos économies. Vous voilà avertis, à vous de faire les bons choix !